Depuis bientôt 10 ans, je côtoie hommes et femmes en quête d’équilibre. Mais j’ai pu mesurer au fil des ans combien il était difficile pour les femmes en particulier de continuer à prendre soin de leurs propres besoins, a fortiori lorsqu’elles sont devenues mères.
Comme si toute leur force vitale devait désormais être dévolue soit à leur famille, soit à leur travail.
Progressivement, sans même s’en rendre compte, elles prennent l’habitude d’ignorer leurs besoins, au point parfois de ne plus savoir qui elles sont, ce qu’elles aiment vraiment faire ni même ce qu’elles aimaient faire « avant ».
C’est l’amnésie. L’oubli de soi, au sens propre comme au sens figuré.
Se mettre au service de l’autre est devenu la norme.
Mais allons un peu plus loin dans le portrait de ces femmes coincées dans une vie binaire rythmée par les obligations professionnelles et familiales, et qui laisse trop peu de place à l’expression de leur individualité.
Portrait
- Les femmes que j’ai choisi d’accompagner sur le chemin de l’équilibre sont, comme j’aime les appeler, des jongleuses du quotidien, souvent perfectionnistes au travail comme à la maison, exigeantes avec elles-mêmes comme avec les autres.
- Elles travaillent beaucoup, s’investissent dans tout ce qu’elles entreprennent, probablement trop, et se mettent elles-mêmes une grande pression.
- Elles ne s’autorisent que rarement à lâcher-prise et à demander du soutien et culpabilisent dès qu’elles sortent du cadre de leurs multiples obligations.
- Elles se sentent globalement épuisées, cernées par les contraintes temporelles et éprouvent de plus en plus de difficultés à faire face à un quotidien qui semble les écraser, les transformant progressivement, selon leurs propres termes, en véritable robot, branché sur pilotage automatique.
- Sur sollicitées en permanence, elles doivent composer jour après jour avec une impression tenace de toujours courir après le temps et de ne jamais parvenir (ou de façon si anecdotique) à prendre un peu de temps pour elles, avec à la clé un risque souvent négligé de surmenage, voire de burnout.
Mon travail consiste alors, de fil en aiguille, à leur faire comprendre qu’il est temps pour elles de se placer de nouveau au cœur de leurs priorités. Quand j’y parviens, je sais que le plus gros du travail a été fait.
Le reste n’est que logistique et gestion d’agenda.
Se placer de nouveau au cœur de ses priorités nait d’abord d’une prise de conscience : c’est reconnaître que l’on a nous aussi des besoins propres, uniques, différenciés de ceux qui nous entourent et tout aussi légitimes, et que l’on a probablement, dans certains cas pendant des années, oubliés de les satisfaire.
Puis enfin d’une décision : celle de se mettre enfin à leur écoute pour préserver son équilibre et se rendre de nouveau disponible pour soi comme pour les autres.